Pramila Patten, représentante spéciale des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a été honorée du titre de Docteur Honoris Causa d’Université Côte d’Azur. Il s’agit de la plus haute distinction qu’une université puisse remettre à une personne pour féliciter son parcours scientifique et son engagement.
Plus qu’une cérémonie honorifique, la remise du titre de Docteur Honoris Causa a été le point d’orgue du colloque international sur la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits*. Ce dernier marque la naissance d’une collaboration visant à croiser l’expertise scientifique et celle de terrain afin d’améliorer la prévention, la réaction face aux criminels et la prise en charge des victimes.
Les violences sexuelles liées aux conflits constituent une véritable tragédie à court, moyen et long termes dont il est nécessaire de se préoccuper. « Elles existent depuis que les rivalités existent, rien de nouveau. Cependant elles gagnent en intensité et nous assistons même à des atrocités croissantes, généralisées ou systématiques dans certains cas. » Jean-Christophe Martin est enseignant-chercheur à Université Côte d’Azur, il est à l’initiative du colloque. Il explique que les violences sexuelles liées aux conflits prennent la forme de crimes extrêmement diversifiés, allant du trafic d’êtres humains aux grossesses forcées. Cela les rend d’autant plus difficiles à normer, définir, catégoriser et donc à associer des règles précises permettant de proposer la prise en charge des victimes.
Jean-Christophe Martin soulève un autre problème : les violences sexuelles liées aux conflits ne sont pas appréhendées de la même manière selon les États. « Sans cadre législatif ni ressources économiques ou humaines, il est beaucoup plus compliqué de lutter contre ces crimes. Or, lors de conflits, il n’est pas rare qu’un État se retrouve fragilisé et ne soit plus en mesure d’agir. » Ainsi, proposer un cadre à la fois homogène et universel de protection des victimes et de poursuites des auteurs des crimes constitue l’un des défis de Pramila Patten. En parallèle, pour améliorer la prise en charge des victimes, l’enjeu est de former les policiers, des assistants sociaux ou encore des psychologues.
Les violences sexuelles, souvent utilisées comme armes de guerre, laissent des cicatrices durables. Il est essentiel que les victimes puissent bénéficier d’une aide pour retrouver leur dignité et de l’espoir en l’avenir. Jean-Christophe Martin espère contribuer, au travers de partenariats, au développement des actions de terrain pour les victimes comme l’accompagnement par des structures psycho-sociales, la libération de la parole et la sensibilisation des populations.
Ainsi, grâce à la remise du titre de Docteur Honoris Causa à Pramila Patten et à la création de ce nouveau réseau, Université Côte d’Azur entend s’investir dans la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.
* Le colloque « La lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits - Cadres normatifs et action opérationnelle » a été organisé par : Université Côte d’Azur (via l’Institut de la Paix et du Développement et la Chaire UNESCO « Paix et développement par le droit »), en partenariat avec Bibliothèques Sans Frontières et l’Organisation des Nations Unies. Une trentaine de participants de divers horizons géographiques et institutionnels ont également participé.
Article réalisé dans le cadre du premier numéro d'INTERVALLE, le magazine du service Science et Société, grâce à la participation de :
- Jean-Christophe Martin, professeur des universités à Université Côte d’Azur en droit public au Laboratoire de Droit International et Européen - LADIE - d’Université Côte d'Azur. Il est aussi directeur de l’institut de la paix et du développement et responsable de la Chaire UNESCO « Paix et développement par le droit ».