En cette année de Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, il nous semblait inévitable de parler sport ... mais attention, toujours d’un point de vue scientifique ! Pour cela, INTERVALLE est parti à la rencontre de chercheuses et chercheurs d’Université Côte d’Azur du Laboratoire Motricité Humaine Expertise Sport Santé (LAMHESS).
Ils ont aidé à mieux comprendre pourquoi notre territoire est idéal pour l’entrainement des sportifs de haut niveau, et les effets que cela a sur le développement d’un écosystème associé.
UN TERRITOIRE TAILLÉ POUR LE SPORT
Lors des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la Région Sud a été la deuxième à accueillir le plus d’épreuves après l’Ile de France. Dans la marina Olympique de Marseille se sont déroulées les compétitions de voile avec le dériveur, la planche à voile et la grande nouveauté, le kite. Vous avez également pu assister aux matchs de football aux stades Orange Vélodrome et Allianz Riviera. Et ce n’est pas sans raison que la Région Sud a été labellisée « Terre de Jeux 2024 », un label qui valorise les collectivités territoriales oeuvrant pour une pratique du sport davantage développée et inclusive.
Enzo Piponnier explique que dans les Alpes- Maritimes, tout un environnement qui s’est créé autour des activités physiques : pôles sportifs, infrastructures et formations STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). La topographie locale, entre mer et montagne, ainsi que le climat, sont idéals pour la pratique de sports, à tout moment de l’année. Dès les années 1970, l’essor du footing entraîne une massification des adeptes de la course à pied et le marathon allant de Nice à Cannes devient l’un des plus célèbres de France. À partir des années 1980, les massifs de la région servent à la pratique de l’escalade, et dans les années 2000, la moyenne montagne s’ouvre au trail. En hiver l’enneigement des sommets alpins permet la pratique du ski et en été, la mer est prise d’assaut par les plongeurs, les pratiquants de voile et les nageurs. Ainsi, au fil du temps le territoire s’est dessiné de manière à accueillir une grande diversité de pratiques sportives, allant jusqu’à la forme la plus compétitive.
LA PLACE DE LA RECHERCHE DANS LE MONDE DU SPORT
Entre médecins, entraineurs et chercheurs, les athlètes de haut niveau sont plutôt bien entourés. Les chercheurs soulignent l’importance de cette complémentarité pour faire avancer les connaissances. Les résultats de la recherche peuvent ainsi être mis directement en pratique par les entraineurs pour améliorer les performances des sportifs ou encore la récupération après une épreuve. Les avancées scientifiques permettent aussi aux médecins de faire évoluer leur pratique pour accélérer la guérison après blessure par exemple.
Pour illustrer cette idée, Valérie Bougault prend l’exemple du « coeur de sportif ». Il s’agit d’une adaptation du coeur qui, suite à l’entrainement, se muscle et s’élargit jusqu’à l’hypertrophie. Ce sont les caractéristiques d’une maladie, mais les études montrent que chez les sportifs de haut niveau ce n’en est pas une. La chercheuse en rigole : « si des recherches n’avaient pas été faites dessus, nous en serions à arrêter tous les sportifs car ils ont développé une pathologie cardiaque. »
Enzo Piponnier me donne un autre exemple, plus général, destiné à optimiser l’entrainement des coureurs. En testant deux groupes de sportifs selon des exercices différents, les chercheurs ont montré que le fractionné à haute intensité est plus efficace et optimal pour progresser. Aujourd’hui, les coureurs ont intégré cette information et ne s’entrainent plus en parcourant des kilomètres à la même vitesse pendant des heures.
COMMENT METTRE EN COMMUN CES NOUVEAUX SAVOIRS ?
Les découvertes scientifiques sont porteuses de nouveaux savoirs et visent à améliorer les pratiques. Mais comment faire bénéficier les athlètes, de manière efficace, des dernières avancées scientifiques ? Pour répondre à cette question, INTERVALLE a demandé aux trois chercheurs de raconter comment ils travaillent avec les différents acteurs du sport de haut niveau.
Karine Corrion et Enzo Piponnier appuient sur l’importance des Fédérations et des entraineurs. La chercheuse témoigne : « J’encadre un projet de thèse financé par une Bourse Cifre avec la Fédération Française de Cyclisme. Il a pour objectif principal de mieux comprendre les situations de vulnérabilité pouvant amener au dopage. Nous cherchons à identifier les mécanismes à l’oeuvre en mettant en place des études scientifiques basées sur de la littérature déjà existante. À la suite des résultats, l’idée est de créer des outils et des formations afin de structurer un programme de prévention. » Le dopage demeure un problème d’actualité, notamment dans le cyclisme. Les entraineurs pourront ainsi suivre les recommandations des chercheurs afin d’améliorer l’encadrement de leurs sportifs.
À l’inverse, Valérie Bougault raconte qu’elle travaille indépendamment des pôles sportifs ou des fédérations. En perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, elle étudie les tendances de la qualité de l’air à Paris avec AirParif afin de proposer un modèle de prévision des conditions auxquelles s’attendre. Finalement la recherche sur l’activité physique et sportive a de multiples facettes portées par des passionnés partageant au moins un point commun : le sport. Entre le trail, la nage, le cyclisme, le ski, ou encore la plongée, la Côte d’Azur a des atouts exceptionnels pour favoriser la pratique de ces activités.
Article réalisé dans le cadre du premier numéro d'INTERVALLE, le magazine du service Science et Société, grâce à la participation de :
- Valérie Bougault, maître de conférences au Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé - LAMHESS - d’Université Côte d’Azur. Elle travaille sur la santé respiratoire et notamment les insuffisances dues à l’asthme ou à la pollution chez les sportifs de haut-niveau.
- Karine Corrion, maître de conférences au Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé – LAMHESS - d’Université Côte d’Azur. Elle travaille sur le comportement des sportifs et cherche à mieux comprendre l’impact des facteurs psychologiques sur les comportements de transgression des règles, de dopage etc.
- Enzo Piponnier est maître de conférences au Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé – LAMHESS - d’Université Côte d’Azur. Il s’intéresse à la régulation de la fatigue et de la performance au cours de l’exercice en étudiant les interactions entre le système nerveux central et les muscles.