Benjamin Damilano, chercheur CNRS au Centre de Recherches sur l'Hétéroepitaxie et ses Applications (CRHEA), travaille sur les diodes électroluminescentes (LEDs). Son objectif est de développer des LEDs plus économes en énergie et à la durée de vie prolongée en intégrant des matériaux innovants comme le nitrate de gallium (GaN).
Les coulisses d'une carrière en recherche
Benjamin Damilano, chercheur CNRS au Centre de Recherches sur l'Hétéroepitaxie et ses Applications (CRHEA), travaille sur les diodes électroluminescentes (LEDs). Son objectif est de développer des LEDs plus économes en énergie et à la durée de vie prolongée en intégrant des matériaux innovants comme le nitrate de gallium (GaN).
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
« J’ai toujours été plus particulièrement attiré par la physique appliquée. C’est à l’occasion de mon stage de DEA (bac+5, équivalent du Master 2 aujourd’hui) de 6 mois que j’ai découvert la croissance de cristaux pour des applications opto-électroniques.
Ce stage se déroulait au centre de recherche de France Telecom et visait la fabrication de lasers à base de semi-conducteurs. Cette étape a été décisive puisque je travaille toujours dans le domaine de l’épitaxie de cristaux. »
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheur ?
« De manière plus anecdotique, j’étais, enfant, un grand fan du personnage de BD créé par E.P. Jacobs : le Pr. Mortimer, un physicien chercheur. Peut-être que ça a eu une influence sur mon parcours… »
Ses inspirations
« Les demoiselles coiffées ou les cheminées de fée. Ce sont de grandes colonnes faites de roche assez friable dont le sommet est protégé d’une roche plus dure. Cette observation m’a inspiré pour réaliser des colonnes de dimensions nanométriques par un procédé de sublimation sélective. »
La médiation scientifique selon Benjamin Damilano
En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?
« J’ai eu une activité de recherche de plusieurs années concernant les diodes électroluminescentes (LEDs) à base de GaN qui émettent de la lumière blanche. Ces composants sont utilisés dans les ampoules à LEDs pour l’éclairage général. Leur avantage est leur consommation électrique bien plus faible et leur durée de vie beaucoup plus élevée que les tubes fluorescents ou les ampoules à incandescence. L’apparition des LEDs blanches a constitué une révolution dans l’éclairage qui a d’ailleurs valu le prix nobel de physique 2014 sur ce sujet. »
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
« Ce n’est pas forcément évident d’aborder avec des non-spécialistes des sujets de recherche qui sont souvent très pointus. L’avantage de la physique appliquée est que certains thèmes peuvent être partagés facilement. La difficulté finalement n’est pas tant d’expliquer la thématique mais plutôt d’essayer de montrer en quoi consiste exactement le métier de chercheur. »
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de faire de la médiation scientifique ?
« Les échanges avec le grand public sont toujours étonnants. Il est possible d’avoir des questions qui forcent à un mode de réflexion différent. Et s’engager sur de tels chemins de traverse est peut-être une voie vers de nouvelles idées. D’autre part, trouver les bonnes façons d’expliquer nos recherches est toujours un exercice enrichissant. »
Auriez-vous une anecdote à nous raconter en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?
« Il arrive très souvent que la première question que l’on me pose quand je dis que je suis chercheur soit : " Alors, tu cherches mais est-ce que tu trouves ?".
La plupart du temps je commence par répondre : « Non surtout pas, sinon je perds mon boulot. ». Une observation qui revient souvent est de ne pas coller à une image stéréotypée du chercheur : une grande touffe de cheveux ébouriffés, une blouse blanche, le savant fou ! »
L'objet de Benjamin Damilano
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Une poinçonneuse
« Prendre une poinçonneuse comme objet pour mon sujet de recherche sur les LEDs symbolise comment nous éliminons les défauts des cristaux de GaN. Comme la poinçonneuse fait des trous pour améliorer les matériaux, nous utilisons des techniques similaires pour éliminer les imperfections cristallines et ainsi produire des LEDs de meilleure qualité et plus performantes. »
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