Röttinger Éric

Publié le 15 mai 2025 Mis à jour le 4 novembre 2025

Éric Röttinger, chercheur CNRS au sein de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN) étudie les mécanismes de régénération chez des animaux comme l’anémone de mer Nematostela. Son objectif est de comprendre comment certains animaux régénèrent des parties de leur corps et comment cette capacité pourrait être utilisée pour stimuler le renouvellement cellulaire dans les organes vieillissants des mammifères, y compris chez l’humain.

Les coulisses d'une carrière en recherche 

Éric Röttinger, chercheur CNRS au sein de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN) étudie les mécanismes de régénération chez des animaux comme l’anémone de mer Nematostela. Son objectif est de comprendre comment certains animaux régénèrent des parties de leur corps et comment cette capacité pourrait être utilisée pour stimuler
le renouvellement cellulaire dans les organes vieillissants des mammifères, y compris chez l’humain.
 

En quoi consiste votre recherche ?

«A l’heure actuelle, notre recherche est principalement de la recherche biologique fondamentale dont je suis un fervent défenseur. Ceci étant dit, travaillant dans un Institut Cancer & Vieillissement avec des équipes qui travaillent sur des modèles de recherche mammifères, nous avons commencé des études comparatives nous permettant d’envisager dans le futur d’initier des projets visant à induire le renouvellement cellulaire dans des organes plus âgées et ainsi vieillir en bonne santé. »

Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheur ?

« J’étais principalement passionné par la mer et curieux d’en apprendre plus sur ces organismes si fascinants. J’hésitais entre une formation de photographe (une autre passion) et la biologie marine pour finalement me lancer dans des études de biologie moléculaire / biochimie. C’est dans le cadre de mon DEA et ma thèse (encadrant Dr. Thierry Lepage, DR CNRS - UniCA) sur le développement embryonnaire de l’oursin, effectué à la station zoologique de Villefranche-sur-Mer, que j’ai enfin retrouvé le monde marin et ancré ma conviction de vouloir devenir chercheur. »


Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?

​« La curiosité de s’inspirer et de comprendre à des niveaux tissulaires, cellulaires et moléculaires comment certains organismes sont capables d’avoir une longévité extrême tout en évitant de développer des signes de vieillissement voire des maladies liées au vieillissement. En plus de mesurer cette longévité extrême dans le modèle de recherche sur lequel nous travaillons (une anémone de mer), nous abordons cette question au travers de l’angle de la résistance aux stress et de la régénération, deux facultés présentent chez l’anémone de mer sur laquelle on travaille et qui diminuent avec le temps chez les vertébrés (humain inclus). »

Ses inspirations

« La diversité et les capacités biologiques des organismes marins sur lesquels j’ai pu travailler et qui m’ont ainsi permis d’adresser des questions scientifiques originales. »

La médiation scientifique selon Éric Lombaert

Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?

« Le partage de la fascination du monde marin, de la connaissance, du monde de la recherche avec ceux qui soutiennent financièrement notre métier est essentiel. Il est important que la société ait accès à cette source de connaissance. Les questions du public replacent nos projets au centre de la société et permettent ainsi de confronter nos recherches avec les préoccupations sociétales plus globales. »

Partager vos recherches avec les scolaires est-il  un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas s'orienter vers les sciences ? 

« Oui, mais encore plus que de les orienter vers la science, la première motivation pour moi est de susciter de la curiosité envers l’inconnu. Ce monde marin qui héberge des organismes aussi fascinant d’un point de vue de leur beauté que de leur capacité biologique, sont également cruciaux pour toute vie sur terre. Peut-être que cela suscite déjà des vocations afin de protéger ce patrimoine naturel tant affecté par l’humain, et ensuite pourquoi pas de se lancer dans un cursus de Science. »


 

Auriez-vous une anecdote à partager en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?

« Il y a plusieurs années nous avons organisé à Hawaii un atelier d’observation du Plankton avec une association locale. Lors de cet évènement des enfants (10-14ans) ont fait de la pirogue tout en trainant un filet plancton, qui augmentait considérablement la résistance à la collecte de ces microorganismes. Une fois de retour sur la plage, ils ont pu observer le plancton qu’ils avaient collecté à l’aide d’un microscope portatif couplé à un smartphone. Les réactions de stupéfaction des enfants ont attiré les parents et adultes qui ont pu ainsi également découvrir et échanger sur ce monde largement invisible à l’œil nu et si important pour la vie sur terre (~50% de l’oxygène sur terre provient de plancton marin, base de la chaine alimentaire etc…). »​​

Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?

« Je l’encouragerais dans un premier temps à tenter l’aventure, au moins une fois. Je lui rappellerais que la médiation scientifique est une opportunité unique pour démystifier la science et créer un lien avec la société. Ce dernier point est important, car nous travaillons avant tout pour la société. »

Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec les chercheuses et les chercheurs pour prendre certaines décisions ?

« Je pense qu’il est extrêmement important et souhaitable de mettre en place des possibilités d’échanges scientifiques avec les politiques / décideurs. Ceci permettra non seulement de remettre la science / la démarche scientifique au cœur des décisions, mais également de développer ensemble de nouvelles opportunités de transformer les découvertes des laboratoires en innovation pour répondre à divers défis sociétaux. »
 

L'objet d'Éric Röttinger

Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.

Le résultat ? Un appareil photo étanche ! 

« L'appareil photo étanche, symbolise à la fois l'exploration du monde marin et la recherche en direct sur le terrain. Il illustre l'idée que, tout comme certains organismes marins, tels que l'anémone de mer Nematostella vectensis, peuvent régénérer intégralement leur corps après une blessure, la science cherche à comprendre comment ces capacités étonnantes pourraient offrir des pistes pour la régénération humaine. Ce lien suggère que l'étude du vieillissement et de la régénération ne se limite pas aux laboratoires, mais s'étend également aux profondeurs de l'océan.  là où des organismes aux capacités uniques pourraient nous apprendre des choses inédites pour ralentir certains processus de vieillissement chez l'homme. »

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