Gaël Cristofari, chercheur Inserm à l'Institut de Recherche sur le Cancer et le vieillissement (Ircan), étudie le comportement des gènes sauteurs afin d'identifier ceux qui altèrent nos gènes et provoquent des cancers.
Les coulisses d'une carrière en recherche
Gaël Cristofari, chercheur Inserm à l'Institut de Recherche sur le Cancer et le vieillissement (Ircan), étudie le comportement des gènes sauteurs afin d'identifier ceux qui altèrent nos gènes et provoquent des cancers.
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
« J’ai commencé ma carrière à un tournant pour les Sciences de la Vie : le démarrage des grands projets de séquençage des génomes et le développement de méthodes à très haut débit pour étudier leurs fonctions, d’abord les puces à ADN puis le séquençage dit « de nouvelle génération ».
En 2001, pendant ma thèse, a été publié le premier assemblage du génome humain qui a révélé que les séquences d’ADN répétées issues des « gènes sauteurs » sont bien plus abondantes que les gènes classiques. C’était une nouvelle terra incognita. »
Ses inspirations
« Les travaux des autres chercheuses et chercheurs, près de nous, ou à l’autre bout de la planète. Cette intelligence collective qui crée du savoir dans toutes les directions est parfois vertigineuse, frustrante quand on est « scoopé » par une autre équipe, mais aussi terriblement excitante. »
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheur ?
« Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par les sciences et par l’envie de comprendre comment le monde qui nous entoure fonctionne. J’étais attiré par la biologie, mais c’est lors de mes études en classe préparatoire puis à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon que j’ai découvert la biologie moléculaire et la possibilité d’aller au-delà des simples observations pour manipuler le vivant et tester des hypothèses. »
La médiation scientifique selon Gaël Cristofari
En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?
« Les « gènes sauteurs » font partie de la face cachée de notre ADN, la plus difficile à explorer. Pourtant ils peuvent provoquer des maladies génétiques et contribuer à la formation de certains cancers. Nos travaux peuvent aider à améliorer le diagnostic des maladies génétiques et des cancers ; et à développer de nouvelles approches thérapeutiques pour ces pathologies. »
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
« Parler au grand public me permet de prendre du recul sur les questions parfois très pointues qui nous occupent et de me rappeler pourquoi elles sont importantes dans un contexte plus large. »
Partager vos recherches avec les scolaires est-il un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s’orienter vers les sciences ?
« Les vocations se bâtissent sur des rencontres il est vrai, mais ce sont les enseignants qui sont en première ligne et souvent eux qui créent l’intérêt chez leurs élèves (ou l’inverse, parfois malheureusement). Partager nos recherches avec des enseignants, et les aider à s’approprier les approches expérimentales les plus récentes, serait peut-être un moyen d’entretenir cette flamme. »
Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec les chercheuses et les chercheurs pour prendre certaines décisions ?
« Les décideurs politiques gagneraient effectivement à intégrer de façon plus systématique des chercheuses et chercheurs de disciplines différentes dans les processus de décisions, pour mettre leurs idées à l’épreuve des faits et de l’expérimentation. Mais au final, la décision politique doit primer dans une démocratie. En revanche, il est clair que les décideurs politiques sont plus empreints d’une culture du management que d’une culture de l’expérimentation… »
L'objet de Gaël Cristofari
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Un séquenceur ADN !
« En une vingtaine d’années, le séquençage de l’ADN à haut-débit a révolutionné la biologie en la transformant en une science quantitative. Les premiers séquenceurs avaient la taille d’une armoire et nécessitaient un laboratoire spécialisé. J’ai choisi ce séquenceur nanopore, guère plus grand qu’une clé USB parce qu’il peut être amené partout, y compris sur le terrain ou dans des environnements extrêmes (même dans l’espace !). Il est clair qu’il s’agit d’une nouvelle révolution, dont on ne perçoit pas encore toutes les conséquences. »
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