Publié le 18 juin 2025 – Mis à jour le 4 novembre 2025
Jean-Mathieu Nocquet, chercheur IRD au sein de laboratoire Géoazur, étudie les séismes lents et les essaims sismiques pour mieux comprendre certaines catastrophes naturelles.
LES COULISSES D'UNE CARRIÈRE EN RECHERCHE
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
"Des questions très simples n’avaient pas trouvé de réponses lors de ma scolarité : pourquoi sur Terre, certaines zones présentent des montagnes et d’autres des plaines, pourquoi y a-t-il des océans et des continents ? La recherche en géophysique permettait de chercher des réponses, en mixant observation, physique, mathématique et… exploration du monde. "
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ou chercheur ?
"L’idée de la recherche me trottait dans la tête depuis la Terminale, mais c’est une remarque d’un ami, alors que j’étais en école d’ingénieur, qui a été décisive. Il m’a dit : « C’est fini, tu ne deviendras pas chercheur ! ». J’ai alors compris que si je voulais vraiment suivre cette voie, il fallait m’y engager tout de suite. Je me suis inscrit à l’université en parallèle."
"Des questions très simples n’avaient pas trouvé de réponses lors de ma scolarité : pourquoi sur Terre, certaines zones présentent des montagnes et d’autres des plaines, pourquoi y a-t-il des océans et des continents ? La recherche en géophysique permettait de chercher des réponses, en mixant observation, physique, mathématique et… exploration du monde. "
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ou chercheur ?
"L’idée de la recherche me trottait dans la tête depuis la Terminale, mais c’est une remarque d’un ami, alors que j’étais en école d’ingénieur, qui a été décisive. Il m’a dit : « C’est fini, tu ne deviendras pas chercheur ! ». J’ai alors compris que si je voulais vraiment suivre cette voie, il fallait m’y engager tout de suite. Je me suis inscrit à l’université en parallèle."
LA MÉDIATION SCIENTIFIQUE SELON JEAN-MATHIEU NOCQUET
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
"Faire de la recherche est une forme d’aventure, une exploration du monde. Partager cette exploration est source d’un grand plaisir."
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
"Nous avons le sentiment de vivre une période difficile, anxiogène par bien des aspects. La recherche est un espace dynamique et les chercheurs se nourrissent de l’espoir de nouvelles découvertes, ils sont les premiers à voir des choses jusqu’alors cachées. Participer à la médiation scientifique, c’est faire partager non seulement les nouvelles connaissances mais une forme d’enthousiasme et de curiosité, qui peuvent être contagieux."
Auriez-vous une anecdote à partager en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?
"A la suite d’un grand séisme, je faisais une intervention en public sur les tremblements de terre, avec un collègue très expérimenté d’Equateur. Ma présentation appuyait sur les risques et la probabilité que d’autres séismes destructeurs se produisent dans le futur. Une personne dans l’assistance a demandé si nous risquions de mourir lors d’un futur séisme. Mon collègue équatorien a répondu calmement : "nous ne devons pas avoir peur de ne pas avoir peur des séismes". Cela m’a marqué : mieux connaître les risques, c’est aussi mieux se préparer et agir."
Partager vos recherches avec les scolaires est-il (ou serait-il) un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s’orienter vers les sciences ?
"Le partage avec les jeunes un levier important, mais il n’est pas le seul et il n’est certainement pas suffisant. La désaffection pour les sciences a probablement des racines multiples et souterraines qu’il nous faut comprendre. Nous devons non seulement partager les résultats de la recherche, mais aussi convaincre pourquoi les questions que nous étudions sont importantes."
"Faire de la recherche est une forme d’aventure, une exploration du monde. Partager cette exploration est source d’un grand plaisir."
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
"Nous avons le sentiment de vivre une période difficile, anxiogène par bien des aspects. La recherche est un espace dynamique et les chercheurs se nourrissent de l’espoir de nouvelles découvertes, ils sont les premiers à voir des choses jusqu’alors cachées. Participer à la médiation scientifique, c’est faire partager non seulement les nouvelles connaissances mais une forme d’enthousiasme et de curiosité, qui peuvent être contagieux."
Auriez-vous une anecdote à partager en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?
"A la suite d’un grand séisme, je faisais une intervention en public sur les tremblements de terre, avec un collègue très expérimenté d’Equateur. Ma présentation appuyait sur les risques et la probabilité que d’autres séismes destructeurs se produisent dans le futur. Une personne dans l’assistance a demandé si nous risquions de mourir lors d’un futur séisme. Mon collègue équatorien a répondu calmement : "nous ne devons pas avoir peur de ne pas avoir peur des séismes". Cela m’a marqué : mieux connaître les risques, c’est aussi mieux se préparer et agir."
Partager vos recherches avec les scolaires est-il (ou serait-il) un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s’orienter vers les sciences ?
"Le partage avec les jeunes un levier important, mais il n’est pas le seul et il n’est certainement pas suffisant. La désaffection pour les sciences a probablement des racines multiples et souterraines qu’il nous faut comprendre. Nous devons non seulement partager les résultats de la recherche, mais aussi convaincre pourquoi les questions que nous étudions sont importantes."
Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec des chercheuses et chercheurs pour prendre certaines décisions ?
"Je travaille activement sur ce point en essayant de développer de nouveaux projets mêlant scientifiques des sciences de la Terre, chercheurs en sciences humaines et responsables de politiques publiques sur les risques. Prenons un exemple concret lié au projet S5 : un essaim sismique se développe avec des séismes ressentis toutes les heures par la population d’une ville. Est-ce que ces séismes vont évoluer et finir par un séisme plus gros ? Faut-il suspendre certaines activités industrielles, fermer certains transports (pont, métro), évacuer certains bâtiments ? Quels seraient les effets de ces décisions ? La réponse à ces questions est complexe. Elle nécessite un discussion collective inter-disciplinaire et au-delà du monde académique. Etablir ce dialogue constitue un objet d’étude en soi. "
En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?
Une première réponse serait que la recherche tente de répondre à des questions simples que chacun peut se poser : pourquoi y-a-t-il des montagnes, des continents et des océans ? Evidemment, bien d’autres enjeux nourrissent les objectifs d’une recherche plus pratique. Dans le cas de ma discipline, il s’agit d’anticiper au mieux les séismes. Bien que la prédiction semble rester hors de portée de la connaissance actuelle, nous pouvons connaître les zones préférentielles de futurs séismes, nous calculons des probabilités de leur taille et de leur fréquence, de leurs effets en terme de mouvement du sol et proposer des systèmes d’alerte rapide. Ces travaux peuvent servir à orienter les moyens des agences publiques, par exemple construire des bâtiments para-sismiques ou des aménagements des villes plus résilients aux effets des séismes.
Ses inspirations
Malgré une profonde admiration pour certains "grands noms" de la géologie ou sismologie, il me semble que la plus grande source d’inspiration sont les communautés scientifiques. Les idées y sont parfois explicites, comme celle des séismes lents après leur découverte.
Mais l’ensemble des chercheurs constitue aussi un réservoir de pistes plus floues, parfois inattendues, qui qui peuvent prendre corps à l’occasion d’un projet, d’une observation particulière ou simplement d’une discussion.
L'objet de Jean-Mathieu Nocquet
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Une antenne GNSS
"J’ai choisi une antenne GNSS. Ce petit appareil, une fois les données traitées, permet de mesurer des déplacements de quelques millimètres à la surface de la Terre. Ces infimes mouvements sont les témoins silencieux des forces qui agissent en profondeur sur les failles. Ils sont au cœur de notre compréhension des séismes."
Découvrez le projet S_5 !
Le résultat ? Une antenne GNSS
"J’ai choisi une antenne GNSS. Ce petit appareil, une fois les données traitées, permet de mesurer des déplacements de quelques millimètres à la surface de la Terre. Ces infimes mouvements sont les témoins silencieux des forces qui agissent en profondeur sur les failles. Ils sont au cœur de notre compréhension des séismes."
Découvrez le projet S_5 !