Publié le 1 octobre 2025 – Mis à jour le 27 octobre 2025
Georges Kordopatis, chercheur au sein du maboratoire Joseph-Louis Lagrange (LAGRANGE), étudie l'évolution de la Voie lactée.
LES COULISSES D'UNE CARRIÈRE EN RECHERCHE
Georges Kordopatis, chercheur au sein du maboratoire Joseph-Louis Lagrange (LAGRANGE), étudie l'évolution de la Voie lactée.
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
"Ce sont les nuits d’été en Grèce, passées dans les îles ou le sud du Péloponnèse, pendant lesquelles sans effort particulier je pouvais observer, dès le plus jeune âge, un ciel entièrement étoilé. J’y discernai la Voie lactée, évidemment, et me posai les premières questions concernant sa distance, sa nature et son histoire, en faisant déjà, sans le savoir, de l’archéologie galactique."
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ?
"L’astronomie m’a toujours attiré, ainsi que la recherche. Néanmoins, ce n’est que tardivement que je me suis dit que je voulais être chercheur toute ma vie, sans doute au cours de mon premier postdoc. Il n’y a pas eu de moment clé, mais plutôt une succession de rencontres et d’opportunités, et une réflexion qui a pris le temps de murir."
"Ce sont les nuits d’été en Grèce, passées dans les îles ou le sud du Péloponnèse, pendant lesquelles sans effort particulier je pouvais observer, dès le plus jeune âge, un ciel entièrement étoilé. J’y discernai la Voie lactée, évidemment, et me posai les premières questions concernant sa distance, sa nature et son histoire, en faisant déjà, sans le savoir, de l’archéologie galactique."
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ?
"L’astronomie m’a toujours attiré, ainsi que la recherche. Néanmoins, ce n’est que tardivement que je me suis dit que je voulais être chercheur toute ma vie, sans doute au cours de mon premier postdoc. Il n’y a pas eu de moment clé, mais plutôt une succession de rencontres et d’opportunités, et une réflexion qui a pris le temps de murir."
LA MÉDIATION SCIENTIFIQUE SELON GEORGES KORDOPATIS
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
"Prendre du recul par rapport à ma recherche quotidienne et me rendre compte que les choses que je considère désormais triviales et routinières, telles que la composition chimique des étoiles, les évènements et objets qui ont plus de 10 milliards d’années, les distances qui se comptent en centaines de milliers (voir millions) d’années-lumière, les fusions de galaxies, et la migration des étoiles d’un endroit de la galaxie a l’autre ; sont des choses qui, tout compte fait, font rêver les non-initiés."
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
"Que voir la surprise, la joie et la satisfaction du grand public quand ils découvrent et comprennent certaines notions pour la première fois, est la plus belle récompense des efforts et des sacrifices effectués au cours de notre carrière pour réussir à être chercheur."
"Prendre du recul par rapport à ma recherche quotidienne et me rendre compte que les choses que je considère désormais triviales et routinières, telles que la composition chimique des étoiles, les évènements et objets qui ont plus de 10 milliards d’années, les distances qui se comptent en centaines de milliers (voir millions) d’années-lumière, les fusions de galaxies, et la migration des étoiles d’un endroit de la galaxie a l’autre ; sont des choses qui, tout compte fait, font rêver les non-initiés."
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
"Que voir la surprise, la joie et la satisfaction du grand public quand ils découvrent et comprennent certaines notions pour la première fois, est la plus belle récompense des efforts et des sacrifices effectués au cours de notre carrière pour réussir à être chercheur."
Partager vos recherches avec les scolaires est-il (ou serait-il) un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s’orienter vers les sciences ?
"Certainement. Au-delà de leur présenter des résultats en particulier, cette démarche leur permet de comprendre que tout peut être questionné et mérite d’être observé et étudié. Les réponses à ces questions ouvrent souvent la porte à d’autres questions, encore plus intéressantes et profondes, mais à condition de suivre une méthode bien établie et testée à travers les siècles : la méthode scientifique."
Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec des chercheuses et chercheurs pour prendre certaines décisions ?
"Le domaine d’expertise d’un astrophysicien peut paraitre, aux premiers abords, limité pour aider un décideur politique (mis à part sur des sujets-niche évidents qui ont affaire au ciel et aux système solaire). Néanmoins, tout chercheur est bien placé pour expliquer qu’un problème est bien souvent plus complexe qu’initialement envisagé, et que corrélation ne veut pas dire causalité. Ces principes-là sont universels et nous sommes prêts à éclairer les décideurs politiques qui en auraient besoin."
En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?
"C’est difficile d’exprimer les applications directes dans le monde quotidien (je préfère ce terme à celui de monde réel) de l’archéologie galactique. Certaines branches de l’astrophysique, comme la mienne, sont des vecteurs technologiques pour la société et des sources de connaissances dont les ramifications à long terme demeurent encore inconnues. L’archéologie galactique peut tout aussi bien contribuer à la découverte de la nature de la matière sombre, ainsi qu’à de la nouvelle physique, grâce à l’étude de nucléosynthèse dans les étoiles. Surtout, elle permet de prendre conscience de notre place dans l’Univers et à travers le temps cosmique, et de comprendre que nos querelles, nos tristesses et nos envies, ne sont que passagères et peut-être, pas si importantes que cela."
Ses inspirations
"C’est de me rendre compte que ma recherche s’inscrit au sein d’une aventure millénaire de quête de la nature des étoiles, de leurs mouvements et de leurs distances (Démocrite, Aristarque, Aristote, Hipparque, Ptolémée, Giordano Bruno, Galilée, Wright, Kant, Herschel, Bessel, Shapley, Hubble pour n’en citer que quelques-uns). Ainsi, il n’y a pas quelqu’un en particulier, mais tous ceux qui se sont acharnés depuis la nuit des temps, avec des connaissances et des instruments moins sophistiqués qu’aujourd’hui, à paver le chemin vers les questions que je me pose au quotidien."
L'objet de Georges Kordopatis
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Un prisme
"Il s’agit d’un prisme, peu ou prou semblable à celui que Newton a utilisé pour disperser la lumière blanche du Soleil, et découvrir que celle-ci est composée de toutes les autres couleurs connues. De nos jours, les spectres de la lumière provenant des étoiles lointaines, nous permettent d’estimer leur composition chimique de surface à travers l’intensité et l’absence des différentes couleurs, et de mesurer leur vitesse de rapprochement ou d’éloignement avec des précisions des fois meilleures que 1 km/s. C’est grâce à ces données que nous pouvons remonter le temps et sonder la Voie lactée il y a plusieurs milliards d’années, au moment auquel les étoiles étudiées ont été formées."
Découvrez le projet MWDisc
Le résultat ? Un prisme
"Il s’agit d’un prisme, peu ou prou semblable à celui que Newton a utilisé pour disperser la lumière blanche du Soleil, et découvrir que celle-ci est composée de toutes les autres couleurs connues. De nos jours, les spectres de la lumière provenant des étoiles lointaines, nous permettent d’estimer leur composition chimique de surface à travers l’intensité et l’absence des différentes couleurs, et de mesurer leur vitesse de rapprochement ou d’éloignement avec des précisions des fois meilleures que 1 km/s. C’est grâce à ces données que nous pouvons remonter le temps et sonder la Voie lactée il y a plusieurs milliards d’années, au moment auquel les étoiles étudiées ont été formées."
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