Zaragosi Laure-Emmanuelle

Publié le 20 août 2024 Mis à jour le 4 novembre 2025

Laure-Emmanuelle Zaragosi, chercheuse INSERM à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, étudie les mécanismes moléculaires des maladies respiratoires chroniques (asthme, mucoviscidose etc…) pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.

aurelie macarri

Les coulisses d'une carrière en recherche 

Laure-Emmanuelle Zaragosi, chercheuse INSERM à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, étudie les mécanismes moléculaires des maladies respiratoires chroniques (asthme, mucoviscidose etc…) pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. 

Qu'est-ce qui vous a initialement attirée vers votre domaine de recherche ?

​« Depuis que je suis entrée dans le monde de la recherche, j’ai toujours aimé comprendre comment une cellule souche s’oriente vers tel ou tel destin. J’étudie le tissu qui tapisse les voies respiratoires humaines. Ce tissu constitue un écosystème complexe dans lequel cohabitent des types cellulaires très différents les uns des autres, mais qui coopèrent pour protéger les poumons des agressions extérieures.

Comprendre le destin des cellules dans cet écosystème aide à comprendre ce qui est altéré dans les maladies respiratoires. Mon domaine allie recherche fondamentale et recherche translationnelle, ce qui m’attire tout particulièrement. »

Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ?

« Ma carrière a débuté par une formation dans une école d’ingénieur agro-alimentaire (1999-2002, ENSBANA, à présent Agrosup Dijon), avec pour objectif de travailler dans le domaine de la nutrition. Au cours de ce cursus et des stages réalisés, je me suis découvert une réelle appétence pour ce qui touchait au vivant et à l’élucidation des mécanismes moléculaires des phénomènes observés.

Par exemple quand il s’agissait d’optimiser une souche de levure entrant dans la fabrication du pain, je m’intéressais beaucoup plus aux gènes à modifier et aux mécanismes moléculaires en jeu plutôt qu’aux conséquences de ces modifications sur la panification et l’industrialisation. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je devais devenir chercheuse. »

En quoi consiste votre recherche ?

« Ma recherche vise à comprendre les mécanismes à l’œuvre dans les maladies respiratoires chroniques (asthme, mucoviscidose, bronchopneumopathie chronique obstructive). Cette compréhension a pour but d’améliorer la santé des patients, en identifiant de nouvelles cibles thérapeutiques. »

Ses inspirations

« Quelques chercheurs et chercheuses m’ont particulièrement inspirée qu’ils soient renommés dans leur domaine (par exemple Austin Smith, découvreur des cellules souches embryonnaires, que j’ai eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises pendant ma thèse), ou non, de par les questions qu’ils ont su me poser pour m’aider à avancer dans mes projets. Je puise aussi de l’inspiration dans mon environnement car j’ai tendance à faire beaucoup de parallèles entre ce qui se passe à l’échelle macroscopique dans la nature et la société, avec ce qui se passe au niveau microscopique dans le tissu que j’étudie. » 

La médiation scientifique selon Laure-Emmanuelle Zaragosi


 

Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?

« Sentir mon travail utile, informer le grand public sur les enjeux de santé, avoir une connexion avec la société, apprendre sur moi-même, et sur les aspects de ma recherche que je n’aurais pas bien compris, comprendre les attentes du grand public. Cela permet aussi de jouer mon devoir de « rôle model », une femme scientifique qui a « réussi » dans sa carrière. »

Partager vos recherches avec les scolaires est-il  un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas s'orienter vers les sciences ? 

« Tout à fait, c’est aussi pour cela que les scolaires constituent un public que j’affectionne tout particulièrement. J’ai pu constater que les scolaires ne connaissent pas les filières menant au métier de chercheur, et qu’ils ne savent pas non plus à quel point notre métier est complet (science, créativité, écriture, communications, voyages, gestion de projet etc.) »

Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ? 
 
« Que cela apporte quelque chose d’utile et au grand public et à soi-même. Cela permet au grand public de se rendre compte ce qu’est un chercheur, le parcours qu’il a suivi, son quotidien, mais aussi son importance dans l’innovation d’un pays. »

Partager vos recherches avec les scolaires est-il un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s'orienter vers les sciences ?  

« Tout à fait, c’est aussi pour cela que les scolaires constituent un public que j’affectionne tout particulièrement. J’ai pu constater que les scolaires ne connaissent pas les filières menant au métier de chercheur, et qu’ils ne savent pas non plus à quel point notre métier est complet (science, créativité, écriture, communications, voyages, gestion de projet etc...) »

Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec les chercheuses et les chercheurs pour prendre certaines décisions ?

« Evidemment oui, mais en gardant conscience que les scientifiques ne sont pas des politiques, et qu’il y a beaucoup d’aspects décisionnels qui nous échappent. L’expertise scientifique peut aider des politiques à construire l’innovation, en partageant les projets, même s’ils sont ambitieux et risqués.»

L'objet de Laure-Emmanuelle Zaragosi

 

Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à cette chercheuse de choisir un objet emblématique de ses études.

Le résultat ? 
 Un arbre de vie !

« J'ai choisi cet arbre de vie pour illustrer mes recherches, car sa structure ramifiée imite celle des poumons, où les voies respiratoires se subdivisent en alvéoles. Cela aide à comprendre comment nous analysons les cellules épithéliales respiratoires et leur dérégulation dans l'asthme. Je l'ai également choisi car ses extrémités colorées reproduisent assez fidèlement le mode de représentation de nos données : des cellules en forme de symboles colorés qui se regroupent selon leur similarité." »


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