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Operto Stéphane

Publié le 1 octobre 2025 Mis à jour le 4 novembre 2025

Stéphane Operto, chercheur au sein du laboratoire Géoazur (GEOAZUR), étudie la structure interne des Alpes grâce aux séismes.

LES COULISSES D'UNE CARRIÈRE EN RECHERCHE 

Stéphane Operto, chercheur au sein du laboratoire Géoazur (GEOAZUR), étudie la structure interne des Alpes grâce aux séismes.

Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?

"Après ma formation d’ingénieur généraliste, j’ai eu l’intuition qu’étudier un objet aussi fascinant que la Terre avec les méthodes de la physique pourrait me passionner. La géophysique est un domaine d’activité extrêmement pluridisciplinaire où les mathématiques, la physique et l’informatique scientifique doivent valoriser les missions d’observation.  Je pense que l’idée d’utiliser des sciences dites « dures » pour expliquer des phénomènes naturels se produisant à l’intérieur la Terre et dont on mesure les effets uniquement en surface a attisé ma curiosité."

Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheuse ?

"Après mes études d’ingénieur et n’étant pas attiré par le secteur privé, je me suis accordé du temps pour réfléchir à mon avenir professionnel et l’idée a progressivement germé que la recherche fondamentale représentait ce vers quoi je voulais m’orienter en raison de la liberté qu’elle confère pour choisir et résoudre des problèmes intellectuels fascinants en exploitant les compétences acquises durant mes études."


LA MÉDIATION SCIENTIFIQUE SELON STÉPHANE OPERTO

Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?

"J’ai peu eu l’occasion de me confronter à ce type d’exercice car mon activité de recherche ne repose pas sur l’observation directe des phénomènes que l’on veut expliquer ou décrire mais sur des mesures indirectes de ces phénomènes via des mesures géophysiques. Expliquer au grand public comment transcrire ces mesures indirectes pour remonter à leur cause est souvent compliqué car ce processus de traduction peut être complexe théoriquement et les informations obtenues difficiles à interpréter car in fine incomplètes et bruitées."

Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ? 

"Je lui dirai qu’il faut parvenir à transmettre sa passion pour le métier de chercheur dans des domaines qui ont un impact sociétal fort. Par exemple, le documentaire sur la carrière de Claude Lorius (un des principaux acteurs ayant démontré l’impact de l’activité humaine sur le dérèglement climatique) intitulé « La glace et le ciel » ou le documentaire du CNRS sur l’hivernage de Jacques Dubois, Claude Lorius et Roland Schlich intitulé « Enterrés volontaires au cour de l’Antarctique » lors de l’année Géophysique sont des beaux exemples de témoignages devant stimuler des vocations de chercheur auprès de la jeunesse."


Partager vos recherches avec les scolaires est-il (ou serait-il) un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas de s’orienter vers les sciences ?
 
"Oui à Géoazur une initiative de la sorte initiée par Jean Virieux et pérennisée par Jean-Luc Bérenger et d’autres collègues intitulée « Sismos à l’école » avait pour objectif de sensibiliser les scolaires à la sismologie en leur confiant la gestion d’un sismographe dans leur établissement. Une magnifique initiative."

Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec des chercheuses et chercheurs pour prendre certaines décisions ?
 
"Je pense que c’est déjà le cas dans certains domaines. Les chercheurs peuvent avoir des profils de carrière très différents, certains s’orientant vers des missions d’administration de la recherche avec potentiellement des interactions avec le monde politique. Ils peuvent servir de médiateur auprès du monde politique à condition de servir les acteurs de la recherche sans se soumettre de manière aveugle à l’autorité politique. Quoiqu’il en soit, je n’ai ni le goût ni les compétences pour ce profil d’activités. Il me semble important que le monde politique soit plus au fait des métiers de la recherche pour que l’administration de la recherche  redevienne un service et pas une charge."

En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?

"Je travaille sur des méthodes d’imagerie fondées sur les ondes. Les applications sont multiples de l’imagerie médicale à l’imagerie de la Terre Globale via le contrôle non destructif de pièces mécaniques et la surveillance des ouvrages tunnels, bâtiments, des réservoirs, des zones de stockage de déchets ou de CO2."

Ses inspirations

"Une seule : la passion."


L'objet de Stéphane Operto

Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.

Le résultat ? Une station sismologique

"C’est l’instrument pour mesurer les ondes s’étant propagées dans le milieu à imager. Notre mission est de valoriser ces mesures en les décryptant pour remonter aux propriétés physiques de la Terre. C’est ce qu’on appelle un problème inverse. Les sciences de la Terre sont souvent perçues comme une science d’observation. C’est aussi une science numérique car on ne peut accéder à l’intérieur de la Terre que par un traitement numérique complexe de mesures indirectes nécessitant des ressources de calcul énormes."

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