Pierre Abad est chercheur INRAE au sein de l'équipe Interaction Plantes-Nématodes à l'Institut Sophia Agrobiotech (ISA). Son sujet : les mécanismes biologiques et moléculaires par lesquels les nématodes, parasites de plantes, tels que Meloidogyne incognita, s'adaptent rapidement aux environnements défavorables et contournent la résistance des plantes.
Les coulisses d'une carrière en recherche
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
« Ma passion pour les plantes et l’agronomie ; le fait qu’à partir d’une minuscule graine se forment des êtres vivants pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres et vivre plusieurs centaines d’années.
D’une manière plus générale, de comprendre les mécanismes intimes à l’origine de la vie et du fonctionnement des êtres vivants. »
Ses inspirations
« Les plantes et leur formidable plasticité pour s'adapter au cours de l'évolution. Ne pouvant fuir en cas de danger, elles ont développé des stratégies stupéfiantes pour se défendre contre leurs agresseurs. »
Y a-t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheur ?
« Lors de mon stage de DEA après la maîtrise, lorsque j’ai pu travailler sur la biochimie des plantes et que j’ai obtenu un premier résultat positif d'expériences que personne n’avait auparavant réalisées. Lorsque j’ai compris la liberté que pouvait avoir un chercheur dans son activité mais également le plaisir de travailler en équipe ainsi que l’échange scientifique avec les collègues. »
La médiation scientifique selon Pierre Abad
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
« Le sentiment positif de contribuer à rendre la science plus accessible et compréhensible au grand public. Une valorisation à travers la contribution à la diffusion des connaissances et au renforcement de la confiance du public dans la démarche scientifique. De sensibiliser le grand public aux enjeux sociétaux et à la promotion d'une culture basée sur le savoir pour des choix de société en connaissance de cause. »
Auriez-vous une anecdote à partager en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?
« Pas particulièrement une mais j’ai pu constater que le fait d’utiliser des métaphores simples de la vie de tous les jours pour expliquer des phénomènes biologiques permet de captiver l'audience ,et par la suite, suscite des questions et un débat animé. Cela montre comment une communication accessible peut susciter l'intérêt du public et l’impliquer dans le domaine traité par un chercheur. »
En quoi votre recherche a-t-elle des implications pratiques ou des applications dans le monde réel ?
« Dans un changement de paradigme consistant à faire évoluer les productions agricoles et donc notre alimentation, actuellement très dépendantes de l’agrochimie, vers une agriculture respectueuse de l’environnement et des conditions humaines. Mes recherches contribuent à mieux comprendre le système immunitaire des plantes et à utiliser leur résistance naturelle qui constitue une alternative aux pesticides, un des leviers important de la transition agroécologique. »
Que dire à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
« Que la médiation scientifique ouvre des portes pour partager sa passion avec le public, démystifier la recherche et inspirer la curiosité. Que c’est une opportunité de construire des ponts entre la science et la société, en renforçant l'impact de ses travaux et en contribuant à une meilleure compréhension de son domaine. Qu’il façonnera une science plus accessible et significative pour tous. »
« C’est un moyen efficace car la vocation vient souvent de rencontre avec des personnes qui ont pu ou su transmettre simplement un message, une passion. Cela éveillera chez certains élèves un intérêt qui s’épanouira le moment venu. »
Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec les chercheuses et les chercheurs pour prendre certaines décisions ?
« Le temps politique et le temps de la recherche sont souvent peu compatibles. La recherche a besoin de temps ce que les décideurs politiques n’ont pas souvent. Tous les exemples où les décideurs politiques ont investi sur le long terme et de manière ambitieuse ont été des succès tant au niveau français ou qu’européen. Mon expertise scientifique contribue au rayonnement de mon employeur, INRAE, une entité scientifique reconnue et écoutée par les décideurs publics. »
L'objet de Pierre Abad
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Une molécule d'ADN !
« La molécule d'ADN est au cœur de notre compréhension des mécanismes d’évolution et d’adaptation des espèces aux environnements changeants. »
Découvrez le projet ADMIRE !