Uwe Meierhenrich est enseignant-chercheur Université Côte d'Azur à l'Institut de Chimie de Nice (ICN). Ses travaux portent sur l’asymétrie moléculaire et la chiralité. Meierhenrich participe à la mission cométaire Rosetta de l’ESA, la première mission spatiale qui a tenté d’étudier la chiralité des molécules organiques. Il est également impliqué dans la mission ExoMars. Sa théorie sur l’origine de l’asymétrie biomoléculaire porte sur des photons interstellaires chiraux, qui ont transféré leur asymétrie vers les molécules chirales comme des acides aminés et des sucres.
Les coulisses d'une carrière en recherche
Uwe Meierhenrich est enseignant-chercheur Université Côte d'Azur à l'Institut de Chimie de Nice (ICN). Ses travaux portent sur l’asymétrie moléculaire et la chiralité. Meierhenrich participe à la mission cométaire Rosetta de l’ESA, la première mission spatiale qui a tenté d’étudier la chiralité des molécules organiques. Il est également impliqué dans la mission ExoMars. Sa théorie sur l’origine de l’asymétrie biomoléculaire porte sur des photons interstellaires chiraux, qui ont transféré leur asymétrie vers les molécules chirales comme des acides aminés et des sucres.
Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers votre domaine de recherche ?
« Les questions intellectuelles fondamentales en sciences naturelles sont les plus fascinantes et les plus impressionnantes. Pour donner un exemple : les protons chargés positivement et les électrons chargés négativement s’assemblent de manière à former des atomes neutres. La symétrie est préservée dans les atomes.
Cette symétrie de charge pour les atomes est une connaissance attendue, observée et cohérente. À l’opposé de cela, la question de savoir pourquoi les biomolécules comme les acides aminés et les sucres de l’ADN sont apparues sous une forme strictement asymétrique est d’une importance fondamentale.
L’asymétrie chirale dans les biomolécules brise la symétrie et présente donc un intérêt essentiel pour progresser dans sa compréhension.
L'origine de cette asymétrie est encore inconnue et nous sommes convaincus qu'il existe de nombreuses lois à découvrir dans ce domaine de recherche fondamentale. »
Y a t-il eu un moment particulier dans votre vie où vous avez su que vous vouliez devenir chercheur ?
« Nous avons pu séparer expérimentalement des molécules asymétriques appelées énantiomères en leurs formes droite et gauche. Ces connaissances nous ont permis de participer aux missions de l'Agence spatiale européenne telles que Rosetta et ExoMars.
Le but de ces missions est de reconnaître si les molécules des comètes et celles de la planète Mars – après séparation expérimentale – présentent la même asymétrie que les biomolécules de la Terre. Et bien sûr, c'est un honneur et une grande satisfaction de travailler sur cette noble question en tant que professeur à l'université.
Un autre moment qui m’a poussé à vouloir travailler à l’université a été notre découverte d’acides aminés dans des analogues de comètes que nous avions produits en laboratoire. Les histoires scientifiques et les découvertes de ce type doivent idéalement être explorées à l’université. »
Ses inspirations
« J'ai toujours été inspiré par des étudiants réfléchis et des collègues intelligents à l'intérieur et à l'extérieur de l'Université Côte d'Azur. Ma famille et mes enfants contribuent certainement également à cette inspiration. Les échanges, les rencontres et les vraies discussions sont des sources d'inspiration. »
En quoi consiste votre recherche ?
« La séparation des énantiomères revêt une importance croissante dans la recherche pharmacologique et le développement de médicaments. Nous prévoyons qu'à l'avenir, seuls des énantiomères actifs seront utilisés dans les médicaments, au lieu d'un mélange racémique comme c'est habituellement administré aujourd'hui. Nos expérimentations à l'Université Côte d'Azur, ICN Parc Valrose Nice, contribuent à cette évolution souhaitée. »
La médiation scientifique selon Uwe Meierhenrich
Auriez-vous une anecdote à partager en lien avec votre expérience en médiation scientifique ?
« Les gens du grand public ne comprennent peut-être pas pourquoi il est difficile de séparer les molécules de droite des molécules de gauche. Pour illustrer, vous pourriez imaginer que vous avez 400 étudiants dans un amphithéâtre devant vous.
Tous enlèvent leurs chaussures et les mettent devant vous. 800 chaussures, la moitié à droite et l'autre à gauche. Mais toutes les paires sont différentes. Et désormais, un appareil robotique devrait être capable de faire la distinction entre les chaussures droites et gauches. Ce n’est pas du tout anodin !
Au niveau moléculaire, c'est ce que nous avions l'intention de faire sur une comète et sur la planète Mars et l’appareil robotique sera notre chromatographe.
Par ailleurs, afin d'attirer en particulier les jeunes vers les sciences naturelles, une vidéo (12 min) a été créée sur mes activités de recherche en 2022.
Cette vidéo sur l’origine de la vie a été postée sur Youtube et a déjà attiré plus de 933 000 vues et 44 000 likes. Elle a obtenu plus de 1500 commentaires, dont beaucoup ont eux-mêmes reçu des commentaires, etc. Les informations se sont multipliées et diffusées. Cette vidéo est accompagnée d'une autre vidéo plus détaillée d'une durée de plus d'une heure. Les personnes intéressées sont renvoyées à cette longue vidéo du cours ‘blockbuster’»
Que vous apporte de parler de vos recherches au grand public ?
« Nous n’effectuons pas de recherche au sein d’un groupe isolé de scientifiques spécialisés. Notre philosophie est que nous menons la recherche avec les étudiants et d'une manière ou d'une autre au centre d'une société. Nous essayons de maintenir la communication avec la société, notamment avec les étudiants des collèges et lycées. Une bonne recherche s’accompagne toujours de pédagogie et d’éducation. »
Pensez-vous que les décideurs politiques pourraient davantage échanger avec les chercheuses et les chercheurs pour prendre certaines décisions ?
« La réflexion, le raisonnement, l'argumentation et la prise de décision sont des processus dans lesquels les scientifiques doivent contribuer à la fois à leur avancement en tant que scientifiques et également à alimenter les discussions avec des résultats scientifiques validés. »
Que diriez-vous à un collègue pour le convaincre de se lancer dans la médiation scientifique ?
« Les chercheurs ne doivent jamais perdre le contact avec le système éducatif et avec la société qu’ils ont eux-mêmes produite. Une bonne recherche a le potentiel de déclencher le progrès intellectuel ainsi que la croissance économique. »
Partager vos recherches avec les scolaires est-il un moyen efficace pour leur donner envie de s'intéresser aux sciences et pourquoi pas s'orienter vers les sciences ?
« J'ai développé une présentation PowerPoint en 3 dimensions à visualiser avec des lunettes spéciales. Les scolaires sont attirés par cette présentation au cours de laquelle des informations scientifiques sont diffusées largement. Les présentations de ce type contribuent à attirer les scolaires vers les sciences naturelles, notamment les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie. »
L'objet de Uwe Meierhenrich
Pour sortir des sentiers battus, nous avons demandé à ce chercheur de choisir un objet emblématique de ses études.
Le résultat ? Un modèle 3D de la comète 67P !
« Cet objet est un modèle 3D du noyau de la comète 67P, sur laquelle l'atterrisseur Philae de la mission européenne Rosetta s'est posé en 2014. Nous avons réalisé la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse après l'atterrissage et avons révélé la présence de 12 molécules organiques dans la glace cométaire. »
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