La famille Peugeot détient 7,7 % du capital du quatrième groupe automobile mondial Stellantis, issu de la fusion, en 2021, de Peugeot Société Anonyme (PSA) et de Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Depuis 1897, la dynastie industrielle incarne l’automobile française dans le monde entier. Avec quelles perspectives ?
La famille Peugeot est originaire de la région de Montbéliard (Doubs) en Franche-Comté. En 1810, Jean-Pierre et Jean-Frédéric Peugeot transforment leur moulin à grain familial en aciérie. Leur aventure dans l’automobile commence avec le lancement de la « type 3 », première voiture au monde à être fabriquée en série. Elle se poursuit avec la création de la société Peugeot en 1897. La fusion avec la société Citroën donne naissance au groupe Peugeot Société Anonyme (PSA) en 1976, qui fusionne avec le groupe Fiat Chrysler Automobiles (FCA) en 2021 pour donner naissance à Stellantis.
Quelle est l’influence de cette dynastie emblématique de l’industrie automobile française ? Quel est le rôle de Robert Peugeot, homme clé de la famille Peugeot ? Quelles sont les perspectives de la famille Peugeot au sein de Stellantis ?
Établissements Peugeot Frères
La famille Peugeot est composée d’environ 300 porteurs de parts qui possèdent 7,7 % du capital du groupe Stellantis, par l’intermédiaire de Peugeot 1810, filiale détenue à 76,5 % par la société d’investissement Peugeot Invest et à 23,5 % par les Établissements Peugeot Frères. Avec 11,9 % des droits de vote, la famille Peugeot figure parmi les principaux actionnaires de Stellantis, aux côtés de la famille Agnelli (créateurs de Fiat) et de l’État, qui détiennent respectivement 15,5 % et 6,7 % à travers Exor (société holding de la famille Agnelli) et Bpifrance.
Nous avons mené un travail de recherche qui porte sur les enjeux juridiques et managériaux de la fusion Stellantis, qui réunit le groupe français Peugeot Société Anonyme (PSA) et le groupe italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Notre étude met en relief la complexité juridique et organisationnelle de cette mégafusion « entre égaux ». Nos investigations montrent que la gouvernance de Stellantis est marquée par la présence des familles Peugeot et Agnelli, qui sont à l’origine de PSA et de FCA et qui continuent d’exercer une forte influence au sein du groupe.
Création du groupe Stellantis
Les familles Peugeot et Agnelli sont à l’origine du groupe Stellantis.
C’est en 2019 que Fiat Chrysler Automobiles engage des pourparlers avec Peugeot Société Anonyme (PSA) et avec Renault pour négocier un rapprochement avant que son conseil d’administration ne rejette la proposition de fusion avec Renault.
Par la suite, les familles Peugeot et Agnelli reprennent les discussions. Robert Peugeot propose d’abord une acquisition de Fiat Chrysler Automobiles (FCA), puis une fusion. Les deux projets sont refusés par John Elkann, petit-fils de Giovanni Agnelli (dirigeant emblématique de Fiat), qui craint la dilution des intérêts de la famille Agnelli. Les négociations reprennent et le projet est finalement approuvé par les deux familles, puis validé par le conseil de surveillance de PSA et par le conseil d’administration de FCA.
Robert Peugeot, homme clé de la famille
Fils de Bertrand Peugeot (1923-2009), l’un des acteurs à l’origine de la création du groupe PSA, Robert Peugeot (né en 1950) est aujourd’hui le membre le plus éminent de la famille Peugeot. Diplômé de l’École centrale de Paris et de l’Institut européen d’administration des affaires (Insead), il a occupé plusieurs fonctions de direction au sein du groupe PSA. À la suite de la fusion de PSA et de Fiat Chrysler Automobiles, il devient le vice-président du conseil d’administration de Stellantis. À ce titre, il représente la société d’investissement Peugeot Invest qu’il préside jusqu’à la nomination de son fils Édouard Peugeot, en mai 2025.
Dans ses fonctions de vice-président du conseil d’administration de Stellantis, Robert Peugeot travaille depuis 2021 aux côtés de John Elkann, président du groupe, et de Carlos Tavares, président-directeur général. Fin 2024, il participe à la décision de contraindre Carlos Tavares à la démission, à la suite des divergences qui ont éclaté entre le PDG et le conseil d’administration du groupe Stellantis.
Nomination d’un ancien dirigeant de Fiat
En mai 2025, Robert Peugeot soutient la nomination d’Antonio Filosa à la tête du groupe Stellantis. Il s’agit d’un ancien dirigeant de Fiat, puis de FCA qui a dirigé les opérations de Stellantis en Amérique du Nord et du Sud.
Robert Peugeot explique la nouvelle nomination :
« Son leadership prouvé au cours de ses nombreuses années au sein de notre entreprise parle pour lui-même et cela, combiné à sa connaissance profonde de notre activité et de la dynamique complexe à laquelle notre industrie est confrontée. Cela fait de lui le choix évident pour devenir le prochain CEO de Stellantis. »
Le jour de sa nomination, le nouveau PDG de Stellantis choisit d’ailleurs de visiter l’usine historique de Sochaux (dans la région de Montbéliard) et le musée local consacré à l’histoire de l’aventure Peugeot.
Avenir de la famille Peugeot au sein de Stellantis
Début 2025, l’influence de la famille Peugeot au sein du groupe Stellantis se renforce avec plusieurs nominations stratégiques. Édouard Peugeot, fils cadet de Robert Peugeot, est nommé au poste de directeur de Citroën France. Charles Peugeot, fils aîné de Robert Peugeot, est nommé directeur de la marque Opel. Xavier Peugeot, cousin de Robert Peugeot, prend la tête de la marque DS.
Depuis mai 2025 et avec l’arrivée d’Édouard Peugeot à la tête de Peugeot Invest, la société d’investissement de la famille Peugeot semble afficher une nouvelle stratégie de diversification de ses investissements et de réduction de son exposition dans Stellantis. Les Peugeot auraient ainsi fait savoir qu’ils n’entendraient pas participer à une éventuelle recapitalisation de Stellantis.
Alors que le mandat de Robert Peugeot au Conseil d’administration de Stellantis doit s’achever au printemps 2026, la neuvième génération de la dynastie Peugeot entend-elle prendre la relève et écrire le prochain chapitre du quatrième constructeur automobile mondial ?![]()
Giulio Cesare Giorgini, Maître de conférences HDR en droit privé et sciences criminelles, chercheur au GREDEG (Université Côte d’Azur, CNRS, INRAE), et Ulrike Mayrhofer, Professeur des Universités à l'IAE Nice et Directrice du Laboratoire GRM (Université Côte d’Azur)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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