La ville du quart d’heure : un modèle pour transformer les espaces périurbains et nos habitudes
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Publié le 16 juin 2025–Mis à jour le 7 juillet 2025
Date(s)
le 4 juillet 2025
Imaginez pouvoir tout faire à moins de quinze minutes de chez vous : aller à l’école, au travail, faire vos courses ou vous détendre dans un parc. C’est la « ville du quart d’heure ».
À l’occasion de la Journée mondiale de la population, le 11 juillet 2025, Giovanni Fusco, chercheur au laboratoire ESPACE, partage les dernières avancées scientifiques sur les villes de demain.
Giovanni Fusco, chercheur au laboratoire Étude des Structures, des Processus d’Adaptation et des Changements de l’Espace (ESPACE - Université Côte d’Azur, CNRS, AMU, Avignon Université) développe le modèle EMC2 ville compacte, maillée et évolutive pour adapter ce concept de la « ville du quart d’heure » aux zones périurbaines, souvent dépendantes de la voiture, avec comme objectif de créer des rues principales vivantes, agréables et adaptées aux piétons, avec de nombreux services de proximité.
Quelles solutions sont envisagées ?
Pour y arriver, le modèle EMC2 propose de réorganiser les grands axes routiers pour en faire de véritables rues animées. Les chercheurs ont alors tenté d’identifier des zones périurbaines qui pouvaient correspondre ou tendre vers le modèle EMC2. Pour cela, ils ont travaillé sur des bases de données telles qu’Open Street Map. La ville de Nice et ses alentours ont alors servi de terrain d’expérimentation : sur les 80 villages repérés entre le massif de l’Esterel et la frontière italienne, 44 ont une structure idéale pour ce type de recherche.
Comme la ville de Drap qui correspond déjà en partie à un modèle EMC2 avec un axe principal linéaire du Nord au Sud, parallèle au fleuve du Paillon avec des logements dans les quinze minutes à pied. De plus, les rues principales qui relient les habitations et les commerces sont dynamiques et faciles à parcourir à pied.
Les recommandations
Le modèle EMC2 propose que les services essentiels – comme les petits commerces, l’école, le travail – soient accessibles à 15 minutes, aussi dans les zones peri‑urbaines.
Pour comprendre ce qui fonctionne ou non, les chercheurs utilisent plusieurs méthodes : ils analysent la forme des villes, étudient les commerces et services présents, observent la manière dont les gens se déplacent et évaluent la qualité des espaces publics.
À Drap, ils ont examiné 32 rues et démontré que la présence de « façades actives » (comme des vitrines, des terrasses ou des étals), encouragent la marche et les interactions sociales. En revanche, sur certains axes, les trottoirs étroits, l’absence de pistes cyclables, peu d’arbres entraînent un déséquilibre et freinent la convivialité des espaces.
Le modèle EMC2 se construit autour d'un axe principal qui peut se parcourir à pied.
Les chercheurs vont encore plus loin en observant les comportements des passants :
À quelle vitesse marchent-ils ?
Prennent-ils le temps de se promener ou sont-ils pressés ?
S’arrêtent-ils pour discuter ou regarder les vitrines ?
En compilant ces données, ils cartographient les usages et proposent des pistes d’amélioration. Par exemple, ils suggèrent de rééquilibrer l’espace public en réduisant la place de la voiture pour créer des rues plus sécurisées et agréables pour les piétons.
L’objectif final est de créer un guide pratique destiné aux collectivités, pour les aider à repenser leurs villes et à identifier les axes avec le potentiel pour devenir des rues principales animées.
Ce projet de recherche est mené par le laboratoire ESPACE en collaboration avec les agences d’urbanisme de la Côte d’Azur et de Lille, les universités de Vienne et de Pise. Il se poursuivra jusqu’en 2026 avec des études similaires dans six autres villes européennes : Nice, Lille-Roubaix-Tourcoing, Vienne, Göteborg, Florence et Pise-Lucques-Viareggio.